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Traverses transdisciplinaires

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vendredi 5 octobre 2012

Après Smithson. Pour un art régénéré: cristal-miroir, spirale et métaconcept.





 Yannick Barazer

une académie sans murs
contemplation active: pas d'idéaux, pas d'idoles
et pas de projections trop hâtives
trop personnelles, trop poétiques
plutôt des reconnaissances de longue portée
dans l'espace et dans le temps

- Kenneth White


Après Smithson. Pour un art régénéré: cristal-miroir, spirale et métaconcept.

par Yannick Barazer, mercredi 14 décembre 2011, 21:05 ·


« Sitôt dépouillée de son vêtement
la conscience
apparaît nue
et l'énergie pure se manifeste »

Kenneth White, ''Mahamoudra''



Dans le premier chapître de son essai ''les promesses du zéro'' intitulé ''Robert Smithson: un trou dans la vue'' Michel Gauthier travaille à partir de l'oeuvre ''Mirror Vortex'' à tracer en creux la dynamique déployée par Smithson au long de son oeuvre et mise à jour dans son texte ''Incidents of mirror travel in the Yucatan'': ''Let us devellop a type of anti-vision, or negative seeing.''
 

'Mirror vortex qui date de 1964 ou 1965, se présente comme l'agencement trapézoïdale de trois prismes triangulaires en acier dont l'intérieur est occupé par trois miroirs obliques de forme triangulaire qui se rejoignent en un point (...).'' (1)

L'oeuvre est littéralement un trou, un puit sur lequel l'expérimentateur se penche et dans lequel son regard s'abîme pour être systématiquement décomposé, infiniment diffracté par le jeu spéculaire.

Michel Gauthier marque bien la disposition de Smithson ''(…) l'une de ses intuitions fondamentales: la vision est un dispositif autoritaire.'' ''Le visualisme est un impérialisme'' (1) auquel il s'agit de s'opposer par la fragmentation du champs visuel, la défocalisation, le décentrement.
''(…) opposition au regard en tant qu'acte de pouvoir, au regard témoignant d'un sujet en position de contrôle (…) d'un sujet maître de soi, c'est à dire vivant et agissant dans l'illusion de son autonomie.''(1)

On peut se demander: pourquoi Robert Smithson à cet instant de l'art entreprend de briser ''l'image du lieu''. Relativement, ''la question pour lui est de rompre avec le triomphalisme scopique du modernisme''(1).
S'il y a lieu alors de déconstruire un modèle d'usage de la perception visuelle c'est que celui ci a atteint un seuil de dégénérescence.
C'est à une vision pyramidale (e pluribus unum) qui par une dérive de la maîtrise: le contrôle autoritaire, aliène le mouvement de l'énergie que s'attaque Smithson. En soi l'acte est éminemment politique. Libertaire.

Osons qu'il ne s'attaque pas à l'Oeil comme source mais à une croute de saisie conceptuelle qui le recouvre et à travers laquelle le regard ne peut que murer le réel et en imposer une perception illusoirement unifiée.
Ce regard perdu c'est celui du sujet, c'est la notion d'auteur, c'est le mensonge Dieu et, accessoirement, celui de sa figure sociale: l'Etat.
Cette mise à distance spectaculaire sépare la pensée de son pouvoir d'action, de ce ''voir'' circulant à partir d'un Métaconcept radiant, vital et original. Inverti, ultimement refoulé et projeté sur un phantasme d''être suprême'', celui ci devient l'archétype de tous les concepts mécaniques par lesquels la pensée réduit la réalité.
Par lesquels aussi, s'abandonnant à l'illusion, elle abandonne le Monde, sa responsabilité d'en avoir une intelligence, de le lire, ainsi de le maintenir vivant.


Il s'agit bien là de ''(…) vivre la décisive aventure de la déconstruction du sujet cartésien''.(1)
Et après?


Sans un regard en arrière sur le paysage pétrifié d'identifications, conscient d'aller au devant d'une Terreur Initiale, plongeons et abîmons nous dans le ''Mirror vortex'' de Robert Smithson.

Le rythme ternaire extrêmement dynamique de la fragmentation spéculaire éclate littéralement le corps de la vision. Le regard-mur ne trouvant bientôt plus rien à recevoir et à saisir sur un mode identificatoire que lui même multiplié à l'infini, se délabre, se lézarde, enfin s'écroule en ruine dans l'ordre du temps.
De ces ruines achevant la mue se lève pour le regard régénéré à son vide médian le paysage neuf d'un champs d'énergies.

Et c'est le génie de Smithson d'avoir rendu compte pour son temps de ce mouvement de conscience cosmo-socio-tellurique. Car Smithson est bien là, éclaté, écartelé. Là il devine par delà les dimensions relatives de sa propre matrice l'ordre secret des combinaisons de mouvements de la dynamique galactique.
Mais est-il allé au bout de la logique paradoxale dont il suivait le sillon spiralé?
De l'intuition fondamentale du champs d'énergies qu'il excave par sa vie et son oeuvre, quels témoignages rend-t-il pour le monde?
L'opus magnum: la Spiral Jetty, et sa mort dans les circonstances que l'on connait.

La Spiral Jetty reste comme une peau de mue, la ruine du regard-mur, l'ultime tentative de saisie de ce qui ne peut l'être.
A la fois sublime dans son intention, monstrueuse par les moyens engagés pour en scarifier la Terre et finalement infiniment dérisoire par le mensonge plastique qu'elle pose à l'échelle du paysage du Grand Lac salé.
Un phantasme pour l'époque, un ''culte'' d'élite véhiculée par la photographie et la vidéo sans rapport de mesure juste avec la réalité tellurique du lieu.
Un engloutissement, un hymne monumental à l'éphémère, une vanité quelconque.

Ce qu'il reste par delà les ruines dans le sillage de l'Acte, pour le regard régénéré c'est le silence du Grand Lac, l'Idée vivante de la mutation.
Dans l'oeil du cyclone, au coeur du champs d'énergie: la reviviscence instantanée du Métaconcept.

                                                                                                                                  Y. B. Déc 2011


(1) Michel Gauthier ''Les promesses du zéro'', collection mamco, les presses du réel. 2009


Mirror Vortex (1964 ou 1965)


vage du Grand Lac Salé (Utah) - avec Spiral Jetty.....



































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