actualité - évocation - transmission - diffusion - transdisciplinarité


Actualité - évocations - transmission - diffusion
- transdisciplinarité

Traverses transdisciplinaires

Blog du site www.caravancafe-des-arts.com. Caravancafé est soutenu en particulier par Basarab Nicolescu, Physicien Théoricien, Président du Centre International de Recherches et Etudes Transdisciplinaires . Le Projet "circulations" est parrainé par Sayed Raza, peintre indien - Ce projet transculturel : art actuel - science - est emblématique du site - De nombreux acteurs culturels, artistes et chercheurs soutiennent aussi ce projet.
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Caravancafé souhaite participer à la création/diffusion de travaux, s'inscrivant sous leurs formes particulières, dans une dynamique faisant lien/dialogue entre les disciplines et les cultures. Bonne traversée ...
Le site caravan
La démarche transdisciplinaire
Appel à contributions CIRCULATIONS : artistes, écrivains chercheurs
Le Centre International de Recherches et Etudes Transdisciplinaires
infos glanées sur le fil de la toile - journal scoop it


vendredi 29 avril 2011

Le corps utopique - Michel Foucault

Le corps utopique

(..) masque maquillage et tatouages : c'est faire entrer le corps en communication avec des pouvoirs secrets et des signes invisibles ..langage sacré et vivacité du désir (..) un autre espace, un lieu sans lieu, fragment d'espace imaginaire qui va communiquer avec un espace imaginaire... on sera saisi par les dieux... projection dans un autre espace.... (...) L'amour, comme le miroir et la mort, apaise l'utopie du corps...Dans l'amour, le corps est ici ...

le corps lui-même fait entrer l'espace de l'autre monde à l'intérieur de l'espace qui lui est réservé...

Mon corps est toujours ailleurs, lié à tous les ailleurs du monde ... (..) Le point zéro du monde. Noyau utopique à partir duquel je rêve ..la cité du soleil, sans lieu mais qui rayonne vers...





relevé sur
http://intercession.over-blog.org/categorie-10389587.html

mercredi 27 avril 2011

Marc-Alain Ouaknin

L'homme est un "quoi" ... Dieu dans la tradition mystique est une hypothèse, un "peut-être" ... (..) Besoin de vie et de vivre et non- saisissement d'un objet ..."





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Mircea Eliade - La Redecouverte du Sacre (francais)Part - 4


(..) l'homme total : "homo religiosus", - le sacré est la base de son existence dans le monde - un élément de structure de la consciences, mais non pas un stade ..."





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Baudrillard - La Disparition Du Monde Réel


"Le monde qui s'écrit de lui-même"

les choses n'existent jamais dans cette identité totale, cette présence à elle-mêmes ...






Quel est donc ce “quelque chose” qui disparait derrière la plupart des images dont parle Baudrillard ? Et de quelles images parle-t-il ? Lorsque l’on considère la photographie comme un outil d’enregistrement documentaire de l’actuel, il est difficile d’imaginer qu’une image ne puisse être que ce qu’elle est et ensuite que l’information qui l’accompagne puisse devenir caduque. La lecture du « Système des objets » est loin et je dois manquer de référence. Je suis à la recherche d’un commentaire de journaliste sur cette approche de la photo. Cette vidéo trop courte a le mérite de m’embrouiller la tête avec les questions suivantes.

Baudrillard nous dit que “le rôle de l’image est d’aller vers l’absence, ou de rendre compte de cette absence qu’on oublie en général” et que “la photo est l’outil idéal pour faire disparaitre le monde”. Baudrillard adopte une considération radicale de l’image en tant qu’objet autonome, une représentation coupée du réel qui le fixe et rend compte d’objets qui ont perdu leur substance. Cette approche évacue toute forme de rapport documentaire ou journalistique où la légende conditionne le sens d’une image. Je trouve ce commentaire fascinant mais je reste perplexe. Comme une invitation à ré-enchanter le monde par une poétique picturale où l’image ne serait qu’image là où j’ai intégré la conviction qu’elle est toujours le signe de quelque chose d’autre et d’ailleurs pas forcément d’elle-même : image figurée, image mentale ou encore image de soi : toutes figurent autre chose que ce qu’elles dénotent...
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mardi 26 avril 2011

dans l'herbe tendre - Michel Simon Serge Gainsbourg

Juste pour oublier/rencontrer les potes d'Omar Khayyam !









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jardins du monde

des jardins pour soigner ....

association Jardins du monde promeut l'utilisation des plantes médicinales afin d'améliorer la santé des populations ayant difficilement accès à la médecine et aux médicaments conventionnels. Jardins du monde (JDM) est vouée à intervenir partout dans le monde, en fonction des demandes qui lui sont formulées par des associations locales, des coopératives, des institutions ou d'autres ONG. Son siège est situé en France, à Braspart (Finistère).

Constatant que la plus grande partie de l'humanité n'a pas les moyens d'acheter des médicaments conventionnels, JDM encourage le recours aux plantes médicinales dont l'efficacité et la non-toxicité sont scientifiquement prouvées. En principe, JDM intervient suite à une demande formulée par des groupements villageois ou des institutions.



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www.jardinsdumonde.org/







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Société Française d'Ethnopharmacologie

"faciliter la coordination entre la recherche fondamentale et appliquée"


La Société Française d'Ethnopharmacologie est une association créée en 1986 à l'initiative d'une douzaine de chercheurs universitaires spécialisés dans des disciplines différentes mais, impliqués dans l'étude et la connaissance des plantes médicinales utilisées comme médicaments ou dans la compréhension des pratiques et représentations relatives à la santé et à la maladie.

Société savante non subventionnée, elle comprend aujourd'hui plus de 550 membres répartis dans une trentaine de pays.

Jacques Fleurentin, son président, pharmacien et enseignant à l'Université de Metz, et le conseil d'administration ont défini le but de l'association : "promouvoir l'ethnopharmacologie en réalisant et en favorisant études et recherches sur les plantes médicinales et les produits d'origine naturelle utilisés par les médecines traditionnelles, en facilitant les échanges d'informations, en organisant des réunions scientifiques et en développant, d'une façon générale, toute activité en rapport avec ce but poursuivi".

Le cloître des Récollets avec son jardin de plantes médicinales abrite l'Institut Européen d'Ecologie dont le président fondateur est le professeur Jean-Marie Pelt. Il est également président d'honneur de la Société Française d'Ethnopharmacologie dont le siège est situé dans le cloître.

En particulier, la Société Française d'Ethnopharmacologie s'efforce de faciliter la coordination entre la recherche fondamentale et appliquée en mettant en relation les compétences des membres et en jouant un rôle de consultant.

Les travaux devraient permettre finalement :

  • la sauvegarde d'un patrimoine culturel en péril ;
  • l'intégration des médecines traditionnelles dans les systèmes de santé ;
  • l'amélioration et la normalisation des remèdes traditionnels ;
  • l'évaluation des ressources naturelles (plantes à principes actifs, plantes à indications thérapeutiques originales).
(...)

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www.ethnopharmacologia.org/default.asp?page=qui-sommes-nous





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vendredi 22 avril 2011

Juliano Mer-Khamis

relevé sur
http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2011/04/04/un-symbole-israelo-palestinien-assassine-a-jenine/

juliano_mer_khamis.1301929754.jpgIl s’appelait Juliano Mer-Khamis et nourrissait un dessein déraisonnable et inconvenant: rapprocher les peuples israélien et palestinien. Son projet n’avait rien de la mièvrerie des rencontres sportives organisées à des centaines de kilomètres du théâtre des opérations. C’est au contraire dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, ancien “bastion du terrorisme” selon la terminologie israélienne du début de la deuxième intifada, que cet Israélien volontiers provocateur avait décidé de porter le fer de convictions héritées d’un couple de parents communistes eux-mêmes sangs mêlés (Arna Mer et Saliba Khamis).les_enfants_d_arna-2.1301929595.jpg

Contre vents et marées, il y avait défendu le théâtre ouvert en 1989, en pleine première intifada, par sa mère et rasé au cours de la seconde après l’assaut donné en avril 2002 au lieu où s’étaient retranchés des miliciens palestiniens. Selon l’AFP, ce militant a été assassiné lundi 4 avril dans ce même camp de Jénine par un groupe d’hommes armés.

Acteur et réalisateur, Juliano Mer-Khamis avait consacrée à l’oeuvre de sa mère emporté en 1995 par un cancer, un documentaire extraordinaire: Les enfants d’Arna (voir un extrait ci-dessous). Sans nul doute le meilleur film pour comprendre la seconde intifada.

L’une des dernières brèches encore ouvertes du conflit israélo-palestinien vient de se refermer. Dans le sang


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http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2011/04/04/un-symbole-israelo-palestinien-assassine-a-jenine/





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arts & Culture Remembering Juliano


relevé sur
http://ceasefiremagazine.co.uk/new-in-ceasefire/remembering-juliano/

By Nihal Rabbani

When I first heard that Juliano Mer-Khamis was killed last Monday, the announcement read like a misprint. Even though I knew it was true, I waited for someone to reveal that it was a hoax. Like everyone, I felt too stunned and bewildered to process this bizarre news before pausing for a few hours, numbed with disbelief.

Before night fell, the reality still hadn’t sunk in. I hardly knew anyone in Amsterdam who shared personal memories of him, as images of Jule’s (as everyone called him) intense face and loud, penetrating voice ran through my mind like shuffle cards. I tracked down a mutual friend in Haifa, who felt even more disoriented by the blow. After attending a memorial service held on the night of Jule’s death, he exclaimed, “We don’t even know how to deal with it!”

I emailed my friend’s wife, who I had met in Juliano’s company at our local Haifa pub and shared my grief with her. The next day, I contacted a mutual friend of Jenny’s (Jule’s wife), who I’d met in Palestine. By then, the recollections finally started to settle and I was ready to mourn him.

Friends who were close to Jule, others who casually knew him, people who had only heard of or admired him and all those who had hoped to, one day, collaborate with Jule at the Freedom Theatre – we were all struck by the same brutal, communal shock. His family extended beyond his lover, children, unborn twins, brothers and mother of his daughters. They were the Palestinian community in Israel, the Freedom Theatre in Palestine, friends from the local pub in Haifa, his many comrades and acquaintances spread throughout the world and the thousands of people who were touched by his cause after watching “Arna’s Children”.

I was alerted to Jule’s spark long before I’d ever heard of the work of his late mother Arna. The first time I saw him was during the height of the first Intifada in the late eighties, on my parents’ television screen in Holland. A particularly handsome and charismatic man of the theatre appeared, mesmerising and captivating the viewers as if he were juggling us with his hands. He demanded our attention with a cheeky twinkle in his eyes, as if to say, “You will never forget me”. Even though I was only nineteen years old at the time, I never did forget him.

At the time, he was one of the few people I’d heard of who came from a “Palestinian-Jewish” background. His heart had not yet been captured by Jenin. Jule was a street performer, an actor and a bohemian artist. He charmed the viewers with his complex story, which he was already sharing with the conviction that he was lucky to be in such a unique position. One thing that struck me is that he seemed fearless and invincible.

Jule explained that his parents were communists and that he was born into a “forbidden” love story that had turned sour. He spoke openly about being a former paratrooper in the IDF, concluding that his decision was influenced by the hostile manner that his Palestinian father treated his Jewish mother, which is something that I never heard him mention again.

Over the years, however, he claimed that he didn’t regret his “mistake” because it taught him to dissect Israeli society through the training he received from an elitist army unit. I had mixed feelings about his justification because I was aware of the malicious attacks that Israeli paratroopers perpetrated on innocent civilians. On the other hand, I acknowledged that when Jule came of age, he must have felt conflicted between two of the most volatile identities in the Middle East and that his Israeli high school environment peer-pressured him into picking the stronger side of the fence.

Whether or not I agreed with this, the truth of the matter is that if he hadn’t joined the military (which consequently placed Jule in prison for disobeying orders), I doubt he would have witnessed the injustices that prompted his conscience to eventually support the underdog. At best, Jule might have become a moderate Israeli who dodged his Arab roots, which still would have been a rebellious reflex towards his parents’ leftist views. He probably would not have been transformed into a proud Jewish Palestinian who celebrated both sides of his cultural, religious and ancestral identity.

In 1994, six years after his television appearance, I visited my parents’ home town, Haifa, for the first time. I met with Palestinian friends at an Israeli bar called ‘Olam Moze’, translated as ‘One World’, which was one of the few places that welcomed “Arabs”. When my friends mentioned that they had seen Jule perform nudist street theatre, I figured that he was the same guy I’d seen in the interview. Even then, he didn’t allow barriers to disrupt his artistic self-expression.

Exactly a year after my first trip to the ‘Homeland’ in 1994, Israeli Prime Minister Yitzhak Rabin was shot dead. The peace trick vanished. The second Intifada started five years later and ended in 2004, which was the same year that I returned to Haifa. This time around, Palestinians from the diaspora (like myself) and residents who were reduced to being labelled as “Arab Israelis” felt even less welcome at Israeli establishments.


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http://ceasefiremagazine.co.uk/new-in-ceasefire/remembering-juliano/


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mardi 19 avril 2011

Edgar Morin - L’indispensable rencontre des savoirs

relevé sur CNRS - Le journal avril 2011
www.cnrs.fr/fr/pdf/jdc/JDC255.pdf

page 18

Analyse Edgar Morin, philosophe et sociologue, directeur de recherche émérite
au CNRS, nous livre sa réflexion sur l’interdisciplinarité.

L’indispensable rencontre
des savoirs

" Les disciplines doivent demeurer à la
fois ouvertes pour se nourrir de l’extérieur
et fermées pour exprimer leur identité."

(...)
Somme toute, ce qu’il faut, avant tout,
c’est connecter les connaissances…

E. M. : Oui, ou les “tisser ensemble”, du latin “complexare”, d’où
mon travail sur la “pensée complexe”, afin de pouvoir saisir le
monde dans ses contradictions, sa non-linéarité – entre cause
et effet –, sa continuité discontinue. Le caractère nocif de la
discipline, c’est qu’elle coupe un continuum en fragments
séparés. Or, pour y remédier, il me fallait des concepts, et c’est
ce à quoi je me suis attelé durant trente ans en écrivant
La Méthode6, afin de formuler selon quelle méthode et quel
principe on peut “relier” de la meilleure manière possible,
(...)
voir l'interview sur


www.cnrs.fr/fr/pdf/jdc/JDC255.pdf


toile de zao wu ki

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samedi 16 avril 2011

Marco Decorpeliada - Schizomètres












détournements : se dérober du «substantialisme de la maladie mentale» - sortir des grilles - exposition Decorpeliada





Psycho patte à la Maison rouge

Critique

Expo . A Paris, un collectif oulipien reprend l’œuvre du mystérieux Decorpeliada, qui a subverti les codes de la médecine mentale.

Par LOUIS SÉGUIN

La Maison rouge présente «Schizomètres», une exposition consacrée à Marco Decorpeliada. Rien ne sert de taper ce nom sur Wikipédia, Decorpeliada est un parfait inconnu. Son œuvre est une découverte livrée ici pour la première fois au public, au point qu’Antoine de Galbert (fondateur de la Maison rouge) s’est senti dans la peau de Dubuffet découvrant l’art brut quand les cinq commissaires de l’exposition ont posé sur son bureau les objets mystérieux qu’a laissés l’artiste. «C’est à vendre ? J’achète !» s’est écrié Galbert, enthousiaste.

Congélateurs. Marco Decorpeliada, né en 1947, a mené une vie de roman. Lorsqu’il rentre en France, en 1995, après avoir fait le tour du monde dans tous les sens, il est bouleversé par le décès de sa mère. S’ensuit alors, jusqu’à sa mort en 2006, le temps des hôpitaux psychiatriques, où il se met à penser en artiste. Un de ses docteurs, Sven Legrand, l’encourage à travailler ses découvertes.

La trouvaille de Decorpeliada tient au système psychiatrique et à ses outils. Cet homme, dont l’identité était réduite aux diagnostics qu’on lui appliquait, a cherché à déjouer ce système, à contre-attaquer.

Etudiant avec soin les codes du DSM IV (un manuel de classification des maladies mentales utilisé par les psychiatres pour établir les diagnostics), il s’est aperçu qu’ils correspondaient étrangement avec les codes du catalogue des surgelés Picard. L’œuvre de Decorpeliada révèle donc des associations sous formes plastiques diverses (collages sur des mètres de charpentiers et tableaux incrustés sur des portes de congélateurs, dont les cases révèlent les correspondances). A chaque maladie mentale correspond un produit surgelé : la pyromanie et le poulet à l’indienne sont rangés sous le même code 63.1, et ainsi de suite… Une fois cette correspondance établie, Decorpeliada a généralisé son procédé, cherchant d’autres classements fonctionnant de façon similaire : les Cantates de Bach, les Contes des 1001 nuits, les 1001 films à voir avant de mourir, les citations latines des dictionnaires ou encore la classification universelle Dewey, utilisée dans les bibliothèques pour organiser le savoir.

Le résultat est édifiant : à la maladie «problème relationnel dans la fratrie» correspond le film Festen ; à «schizophrénie, type paranoïde continue» correspond le code «Religions» du catalogue Dewey.

Le statut de l’œuvre de Marco Decorpeliada est ambigu. D’après Paula Aisemberg, directrice de la Maison rouge, le travail du classement, de la mesure et de la répétition situe Decorpeliada dans l’histoire de l’art conceptuel et minimaliste. L’œuvre rappelle aussi le surréalisme par le surgissement d’une signification dans un rapprochement fortuit d’éléments, un «hasard objectif». Mais il y a surtout chez Marco Decorpeliada un souci de dénoncer les pratiques institutionnelles de la psychiatrie avec un humour et une rigueur d’élaboration «oulipiens».

Lacaniens. C’est là que les cinq commissaires de l’exposition entrent en jeu, et reprennent l’œuvre à leur compte. Psychanalystes oulipiens, membres de l’Ouspypo (Oulipo sauce psy), ils utilisent Marco Decorpeliada pour dénoncer ce que l’un d’eux, Laurent Cornaz, appelle le «substantialisme de la maladie mentale». Pour ces lacaniens, la thérapie est dynamique, la psyché mute dans et par la parole.

Selon Laurent Cornaz, le projet est foucaldien, et Decorpeliada s’est joué de la psychiatrie et de la «folie classificatoire» en désamorçant les diagnostics auxquels il était soumis. En exploitant sa folie, Decorpeliada a fait de l’art.

Difficile, au fil de l’exposition, de faire la part entre la curiosité qu’inspirent la folie de l’artiste et l’intérêt que font naître ses œuvres. Difficile aussi de savoir ce qu’il faut penser de l’exploitation de l’œuvre d’un défunt anonyme par cinq psychanalystes militants.

Alors que l’on est plongé dans ces réflexions, on tombe en fin de parcours sur une petite salle mitoyenne ; on découvre une vidéo d’Antoine de Galbert parlant du projet, et un imposant livre retraçant la genèse de l’installation. Alors surgissent, avec les éléments de réponse, les vraies questions…*

relevé sur

www.liberation.fr/culture/0109622136-psycho-patte-a-la-maison-rouge



marco decorpeliada, schizomètres

19 février - 16 mai 2010
La maison rouge présente le travail encore inédit de Marco Decorpeliada (1947-2006), artiste non professionnel, qui a assidûment produit des créations fort singulières. Ses œuvres ont toutes à voir avec la question de l’épinglage diagnostique en psychiatrie par lequel il a été personnellement malmené. Dans une tentative de se dérober à cet étiquetage qui l’emprisonne dans des catégories, il « lui » réplique en fabriquant des objets qui interrogent cette nosographie psychiatrique. La chiquenaude initiale de sa démarche a été le constat d’une évidence. Il existe, à ses yeux, une correspondance entre les codes attribués aux troubles mentaux dans la dernière née des classifications psychiatriques, le DSM IV (Diagnostic and Statistical Manual - Revision 4), et les codes des produits du catalogue « PICARD SURGELES » : deux items, un même chiffre. À « 20.1, Schizophrénie, type catatonique continue », il répond « 20.1, Crevettes Roses entières cuites » et à « 42.0, Trouble obsessionnel compulsif (TOC) », il réplique « 42.0, Carottes en



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www.lamaisonrouge.org/spip.php?article648




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vendredi 15 avril 2011

Qu'est-ce que la réalité ? - Adonis - Banu - Nicolescu

Rencontre transdisciplinaire
Art - Religion - Mystique - Science
novembre 2010

Rencontre avec Adonis, Georges Banu, Basarab Nicolescu

"la réalité comme un miroir de l'être"
dialogue avec Lupasco - Tiers Inclus

Basarab Nicolescu






Extrait tiré du site http://www.baglis.tv
Soixante ans après l'affirmation de Wolfgang Pauli (l'un des fondateurs de la physique quantique) : « la formulation d'une nouvelle idée de la réalité est la tâche la plus importante et la plus ardue de notre temps», Basarab Nicolescu nous le rappelle : « cette tâche est toujours inaccomplie !»

A l'occasion de la parution du livre « Qu'est-ce que la réalité » (Ed Liber) de Basarab Nicolescu (physicien), nous avons réuni autour de lui trois « hommes de l'Art » : Jean Pian (mathématicien), Adonis (poète), Georges Banu (homme de théâtre) afin de tenter de répondre à la question : Qu'est-ce que la réalité ?
Si le réel apparait comme ce qui « est », la réalité, elle, n'est que le miroir de l'être, son reflet. Le reflet est ressemblant, certes, mais non identique. Pour Nicolescu, « la réalité est ce qui résiste à nos représentations, donc en tentant de définir la réalité, nous touchons aux limites de la science, notamment la non conciliation entre théorie de la relativité et mécanique quantique ».
La réponse se trouve, selon nos chercheurs, dans l'existence de niveaux de réalités différents : les sciences physiques ont chacune leur propre cohérence, leurs propres lois. Puisque certains principes semblent se contredire, c'est qu'il existe une discontinuité de ces lois, et donc différents niveaux de réalités.

Grâce à ces différents niveaux de réalité, une explication globale et cohérente de tous ces phénomènes voit le jour et le principe hermétique « tout ce qui est en haut et comme ce qui est en bas » se trouve confirmé. L'astrophysique rejoint la physique des particules et par delà la sphère de l'observation, de la mesure, transparait celle du sens.

Pour voir l'intégralité de cet exposé allez sur
http://www.baglis.tv/sciences-video/physique-quantique/924-quest-ce-que-la-re...

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Georges Banu

"la contradiction devient source d'énergie créatrice et la brusque émergence de la discontinuité comme principe dynamique « organisateur et structurant "




Extrait tiré du site http://www.baglis.tv
Pour Georges Banu, le rôle et l'acteur représentent deux niveaux de réalités distincts. Lequel promeut l'autre ? Est-ce l'acteur qui atteint un niveau de réalité supérieur en donnant chair à un rôle ? Ou bien est-ce le rôle qui apporte à la personne son vêtement, parement extérieur communément identifié à « la réalité » dans notre monde moderne.
Quand l'un et l'autre se réunissent au point de ne former qu'un : cet eurêka constitue-t-il lui aussi un troisième niveau réalité ?
Ainsi, quand Shakespeare fait dire à Richard II, alors qu'il abandonne la couronne, « qui suis-je qu'un acteur qui quitte la scène sous la huée d'un public ? » dissocie-t-il le Roi (3) le rôle (2) et la « carcasse humaine » (1) : chaque partie intègre un niveau de réalité différent.
Plaçant ses réflexions bien au-delà d'un simple questionnement littéral qui ne reviendrait qu'à s'interroger sur la place de l'illusion et de la fiction dans le théâtre ; Georges Banu fait sienne la philosophie des antagonismes chère à Stéphane Lupasco « qui maitrise la contradiction maitrise le monde » et déclare « si le théâtre est une illusion alors le théâtre EST LA REALITE».
Peter Brook avait ainsi noté dans son ouvrage « L'espace vide » qu'il existait trois formes de théâtre : les deux premières sont antagonistes avec d'une part le théâtre sacré dont la finalité est de rendre l'invisible visible, et d'autre part le théâtre brut qui repose sur la sublimation de la dimension la plus concrète du réel. Une troisième voie, selon Peter Brook, existe, grâce au théâtre immédiat qui mêle visible et invisible : principe de discontinuité et hétérogénéité.
Pourfendant le « système » unificateur d' Aristote qui qualifiait de « monstrueux » l'absence d'homogénéité, Georges Banu souligne dans cet exposé l'importance de la contradiction qui devient source d'énergie créatrice et la brusque émergence de la discontinuité comme principe dynamique « organisateur et structurant »... principe qui enfanta les avant-gardes et de l'art de la polémique (Joyce, Sarah Kane, Beckett).


Adonis

L'un et le multiple - Le Transreligieux

"Dieu n'est pas Dieu, Dieu c'est le non Dieu".





Extrait tiré du site http://www.baglis.tv


La vision poétique rejette en effet « la terreur de l'unique », inhérente aux monothéismes, et établit un équilibre constant entre l'un et le multiple. Elle refuse donc cette « fixation du mouvant » propre aux religions du Livre, toujours aptes selon Adonis à enfermer le vivant dans des représentations. C'est là que la notion de Tiers caché, entre le sujet et l'objet, entre le moi et le monde, peut aider l'homme à se libérer de ses représentations.

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Le Dieu vivant des mystiques est un dieu "non captable", plus encore : c’est un « Dieu poète » car pour Adonis : "tout est poésie chez les mystiques, même Dieu ! Ce qui est essentiel ce n'est pas de le connaître (donc de le fixer) mais de savoir comment aller vers Lui" …

Quels sont les rapports entre la poésie et la science? La définition que les poètes et les scientifiques donnent à la notion de sens est-elle conciliable?

Quels liens existent-ils entre le Tiers caché et le Surréalisme ou d’une manière générale à toute forme d’avant-garde ?

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Réponse d’Adonis, Jean Pian, George Banu, Basarab Nicolescu dans cette table ronde de 35 min. filmée au Forum 104 et animée par Petre Raileanu et Fulvio Caccia.

A noter: ce troisième et dernier exposé, suit un premier volet "Qu'est-ce que la réalité par Jean Pian" (mathématicien) et un second "Qu'est-ce que la réalité par George Banu" (homme de théâtre ).
relevé sur
www.baglis.tv/arts-video/poesie/1558-quest-ce-que-la-realite-adonis.html



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Parution du livre "Qu'est-ce que la réalité" de Basarab Nicolescu

Description par l'auteur:

«Le mot "réalité" est un des plus prostitués de toutes les langues du monde. Nous croyons tous savoir ce qu'est la réalité mais, si on nous interroge, nous découvrons qu'il y a autant d'acceptions de ce mot que d'habitants sur la terre. Il n'est donc pas étonnant que les conflits sans nombre agitent sans cesse les individus et les peuples: réalité contre réalité. C'est une sorte de miracle que, dans ces conditions, l'espèce humaine existe encore.
Plus de soixante ans après l'affirmation de Wolfgang Pauli, un des fondateurs de la mécanique quantique: "la formulation d'une nouvelle idée de réalité est la tâche la plus importante et la plus ardue de notre temps", cette tâche reste inaccomplie. Et pour illustrer cette quête, je prends, comme cas exemplaire, l'œuvre de Stéphane Lupasco (1900-1988). J'ai eu le privilège de partager l'amitié de Lupasco de 1968 à sa mort. Ce livre voudrait prolonger nos échanges intellectuels et spirituels au-delà de ce terme. En effet, la pensée de Lupasco est un système ouvert, soumis à un perpétuel questionnement constructif. Elle nous aide à avancer vers une sagesse en conformité avec les défis majeurs de notre siècle


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Qu'est-ce que la réalite ? , Réflexion autour de Stéphane Lupasco Nicolescu Basarab

  • Essai (broché). Paru en 02/2010
  • Expédié sous 4 à 8 jours

http://livre.fnac.com/a2774045/Nicolescu-Basarab-Qu-est-ce-que-la-realite


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Ai Weiwei- 发课编辑部 Fake Editorial




















http://www.aiweiwei.com/editorial/index.htm


L’affaire Ai Weiwei

Ai Weiwei (né en 1957) est l’un des artistes contemporains chinois les plus connus. S’il lui est arrivé de travailler avec les institutions officielles (notamment pour le design du stade olympique d’Herzog et de Meuron), il a toujours conservé une distance critique et ne s’est pas privé de faire entendre une voix discordante, notamment au lendemain du tremblement de terre de 2008 dans le Sichuan, en attribuant son coût humain à la corruption endémique, qui a permis la construct ion de bâtiments (notamment des écoles) inadaptés à un environnement sismique. Alors que sa visibilité internationale est au plus haut – il a été le dernier artiste à créer une installation pour le Turbine Hall de la Tate Modern à Londres (cent millions de graines de tournesol en céramique, visibles jusqu’au 2 mai 2011) - son arrestation par les autorités chinoises a choqué. Détenu sans explication le dimanche 3 avril, il n’était toujours pas libéré au moment de l’expédition de cette lettre. Si la Chine est devenue le premier marché d’art au monde (chiffres Artprice de mars 2011), elle n’a pas encore fait sa révolution des mentalités : la libre expression y est encore un combat quotidien.
• Ai Weiwei doit faire l’objet d’une exposition monographique à la Lisson Gallery de Londres à partir du 13 mai 2011.

Le site de Ai Weiwei

(relevé sur art aujourd'hui - lettre infos)
www.artaujourdhui.info/art-aujourdhui-hebdo-00470.html

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jeudi 14 avril 2011

the indeterminism of particle responses

Some readers may object to our use of the term “free will” to describe the indeterminism of particle responses

butdoesitfloat.com/17662














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France Delville - Et si MADI nous était conté ?


CONSCIENCE POLYGONALE
de carMelo ArDen quIn à MADI contemporain


Exposition ouverte jusqu'au 29 mai 2011


Commissariat de l'exposition
Catherine Topall (galerie Orion) et Alexandre de la Salle, auteur du catalogue raisonné d'Arden Quin ; coordination artistique du projet : France Delville

www.ciac-carros.fr/






www.artcotedazur.fr/et-si-madi-nous-etait-conte,4338.html


FEUILLETON

par France Delville






Sculpture d’Arden Quin, plastique et fibre plastique (2006)






Et si MADI nous était conté ?

voir la video de France Delville sur
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L’exposition du Centre International d’Art Contemporain de Carros, intitulée « Conscience Polygonale, De CarMelo ArDen QuIn à MADI contemporain » soulève un enthousiasme exceptionnel, qui fait plaisir. Les visiteurs se disent frappés par la grandeur de cette aventure MADI initiée par Arden Quin.

Chapitre 21 - Chronique sur le mouvement MADI réalisée par France Delville pour Art Côte d’Azur

Dans cette chronique, même si nous attendent de belles rencontres avec les différentes phases de MADI, jusqu’à l’engagement et la passion des Madistes d’aujourd’hui (Zangara et Cortese), il faut encore insister sur la nature des débuts, qui éclairent si bien les raisons de cet engagement. L’exposition se terminant fin mai 2011, nous aurons l’occasion jusque-là d’explorer bien des domaines, même si l’approfondissement d’un Mouvement resté vivant trois quarts de siècle nécessiterait plusieurs vies.

Dans l’idée, donc, persistante, que les prémisses des actes et discours humains sont indispensables à leur compréhension, voici un document indispensable. Pour pointer les sources historiques du Mouvement MADI, en 1955, dans « Memoria Madi, Cahier n°1 », Volf Roitman écrivit un texte intitulé « Antécédents », dont une synthèse parut dans le catalogue de l’exposition « MADI international 50 ans plus tard », au « Centre d’Expositions et de Congrès » de Saragosse (printemps 1996, avec plus de cinquante artistes MADI).

Dans cette énumération on peut reconnaître les initiations du jeune Arden Quin aux révolutions littéraires, poétiques, plastiques et politiques de la fin du XIXe siècle - début du XXe, qui résonnent souvent dans les interviews qu’il accepta de donner.

Car les sources historiques du Mouvement MADI sont avant tout les sources de la culture de l’individu Arden Quin, solitaire lorsqu’il commença sa carrière de peintre non-orthogonal en 1935 avec « Diagonales des carrés », mais plus jamais seul à partir de 1944, année de la publication de la Revue « Arturo », et de 1945, année des deux manifestations d’« Arte Concreto Invención », et de 1946, année de la fondation du Mouvement Madi à l’Institut Français des Hautes Etudes de Buenos Aires.

Martin Blazsko est un témoin direct du fait qu’Arden Quin fut l’inspirateur du Mouvement MADI, Blazsko présent le 2 décembre 1945 à la « Segunda Muestra Arte Concreto Invención » (première mouture de MADI), organisée par Esteban Eitler à Ramos Mejia, près de Buenos Aires, chez la photographe allemande Grete Stern, et qui écrivit en 1991 à Romualdo Brughetti : « Très cher Monsieur Brughetti. En réponse à votre demande d’informations, je suis heureux de pouvoir vous communiquer que j’ai connu Monsieur Carmelo Arden Quin dans une soirée artistique qui se tenait dans la maison de la photographe Grete Stern à la fin de la seconde guerre mondiale. Là, j’ai pu voir pour la première fois des tableaux avec des cadres découpés et des structures planimétriques dont les rapports étaient minutieusement définis. Après cette soirée, ayant le désir de mieux connaître l’auteur des tableaux qui était Arden Quin et ignorant son adresse, j’ai demandé à Klaus Erhardt, fils du directeur du théâtre Colon, ses coordonnées. Erhardt me répondit qu’il ne les connaissait pas mais que Kosice pourrait me renseigner. Je parlai avec Kosice qui me dit textuellement « je vais te le présenter, c’est notre maître et notre théoricien ». Il m’a amené chez lui. J’ai bénéficié de quelques cours mémorables, inoubliables d’Arden Quin. Il m’a enseigné à utiliser le compas et la règle. Quelques mois plus tard, et des réunions ayant eu lieu entre-temps entre Kosice et Arden Quin, ce dernier m’a parlé de lancer un mouvement plastique avec les caractéristiques connues et il m’a dit que nous allions l’appeler « Madi ». De la bouche d’Arden Quin. Pour ce qui est du manifeste Madi je peux vous communiquer qu’il fut lu par Arden Quin lors de l’inauguration de notre exposition à l’Institut français d’Etudes Supérieures. Je vous joins la photo (photocopie) prise en cette occasion. Pour moi il n’y a jamais eu de doute que l’auteur du manifeste était Arden Quin, d’autant plus que les contacts que j’ai eus avec eux avant et après le lancement du groupe et les changements d’idées et de réflexions sur l’art qui se sont produits dans ces jours-là m’ont confirmé dans cette conviction. Sans autre précision et profitant de l’opportunité pour vous féliciter pour votre fructueux travail de chercheur, je vous envoie mon meilleur salut ».
- Buenos Aires, Novembre 1991, Martin Blaszko.

Je crée l’événement. Le passé n’est pas d’aujourd’hui qui sera demain. Je vous lègue la formule des inventions à venir » ?

Maître et théoricien, c’est ce que fut Carmelo Arden Quin, créateur d’une œuvre qui matérialise la théorie en question, avec un supplément - mana des échanges magiques de l’ethnolo

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à lire aussi

Carmelo arden quin, le « maraudeur galactique », nous a quittés.





































CHAPITRE 28


Qu’est-ce qu’un objet MADI ?

Question à laquelle Carmelo Arden Quin a une fois de plus répondu devant la caméra de Zsuzsa Dardai dans un film qui serait projeté pendant l’exposition « supreMADIsm » à Moscou en 2006, et dont par ailleurs Piergiorgio Zangara, central dans le Mouvement MADI italien, m’a fourni un témoignage filmé du vernissage.

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Chronique réalisée par France Delville pour Art Côte d’Azur



Invention de la polygonalité

C’est dans le manifeste suivant, « El movil », lu chez Enrique Pichon Rivière le 8 octobre 1945, que la polygonalité est annoncée par Arden Quin comme outil de rupture : « Pour nous, l’emploi des polygones, soit réguliers, soit comme simple espace dans laquelle s’inscrit la composition, est ce qui nous différencie, qui fait notre originalité. En abandonnant comme base de composition les quatre angles de l’orthogonalité classique, carré et rectangle, nous gagnons en possibilités d’inventions multiples. C’est un nombre infini de formes planes que nous pouvons créer ; chacun d’entre nous a sa forme plane au plus profond de son psychisme. C’est ma conviction . (…) Affirmer la Pluralité et la Ludicité, travailler avec des angles de toute espèce, employer la masse et le vide en un jeu dialectique ; l’éclat ; la transparence ; le mouvement réel. Il est de mon devoir de rappeler ici les jouets de Torres-Garcia, jouets qui s’articulent et changent de position à volonté."



autre liens
www.artcotedazur.fr/des-nouvelles-de-madi-aujourd-hui,4498.html


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CHAPITRE 34

prec suiv

Arden Quin à la Maison de l’Amérique Latine

Le 7 octobre 2011, à la Maison de l’Amérique latine, Paris, l’hommage à Carmelo Arden Quin fut émouvant. Carmelo Arden Quin nous a quittés le 27 septembre de l’année dernière et un certain nombre de ses amis furent heureux d’être réunis pour célébrer sa mémoire.

Chronique réalisée par France Delville pour Art Côte d’Azur.

Après la conférence, les madistes pour une petite fête dans un salon de la Maison de l'Amérique Latine Un hommage émouvant... Sofia, son épouse, qui habite l’Argentine, était présente. Avec Catherine Topall et Bolivar elle était allée à Trapani, dans le sud de l’Italie, rejoindre des madistes italiens au vernissage d’une exposition MADI dont j’ai parlé récemment. A la Maison de l’Amérique latine, Catherine Topall, directrice durant des années du Centre Orion (Madi), présenta donc les intervenants, à commencer par Jacques Sauvageot, historien d’art et commissaire de l’exposition Madi à Cholet, non encore terminée.

Hommage de Jacques Sauvageot

Le clip vidéo joint à ce chapitre donne de très brefs extraits des interventions, voici donc retranscrite une partie du discours de Jacques Sauvageot : « Carmelo est l’artiste qui, sinon révolutionne, du moins remet en question l’art abstrait, à un moment où l’art abstrait n’est pas véritablement reconnu. Bien sûr les pionniers de l’art abstrait avaient imposé leur vision depuis 20, 25 ans, mais là où il était, l’art abstrait n’était pas complètement institutionnalisé, et Carmelo remet en question l’art abstrait en anticipant dans les années 35-40 les débats qu’il va y avoir dans les années 50-60, question qui se présentera de : comment l’art abstrait pourrait ne pas être un académisme, puisqu’il se voulait au départ le refus de l’académisme, avec tous les risques qu’il y a dans un système qui quelque part se fossili ..
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mercredi 13 avril 2011

[transdisciplinarity] La question de l'identité française - le point de vue d'Edgar Morin -1999

Merci à Mr Edgar Morin qui a autorisé la publication ce texte.






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LA FRANCISATION À L'ÉPREUVE

"L’identité est l'union de l'identité et de la non identité"

Hegel




Les quatre naissances de la France

Les origines mythico-réelles de la France, telles que les enseignent les livres d'histoire pour écoliers, ont un caractère de complexité étonnant. La première naissance nationale reconnue est gauloise, et la Gaule, divisée jusqu'à la conquête romaine, se forme en s'unissant contre l'envahisseur. Ainsi Vercingétorix se fait reconnaître dans l'histoire future comme le premier héros national. Mais le moment de formation précède de peu le moment de la désintégration puisque Vercingétorix une fois vaincu et immolé, la Gaule devient romaine. Or, dans notre mythologie nationale, Rome n'est pas considérée comme la puissance ennemie occupante, mais comme la co-formatrice, dans l'intégration mutuelle des deux composantes, d'une seconde naissance, celle d'une entité nommée justement gallo-romaine, et la substance celto-gauloise absorbe en elle la latinité dans la langue et la civilisation.
A cette seconde naissance va succéder une troisième, cette fois mythologique, au coeur du chaos qui s'installe dans la décomposition de l'Empire romain, avec l'arrivée de vagues successive d'envahisseurs. Clovis est l'opérateur mythique de cette troisième naissance. Ce roi franc va donner ce nom à la France, nom qui va sembler fonder la francité face à la germanité, puisque Clovis est reconnu par les chroniqueurs ultérieurs comme le vainqueur des Alamans dans la bataille de Tolbiac (496); converti au christianisme et sacré à Reims, il apparaîtra comme le fondateur de la France chrétienne. En fait, ce n'est pas Clovis qui a battu les Alamans, la bataille n'a probablement pas eu lieu à Tolbiac, et les conditions de la conversion de Clovis ne semblent pas être le remerciement du guerrier au Dieu qui l'a rendu vainqueur. Enfin et surtout, les Francs étaient un peuple germanique dont la langue était telle. En fait Clovis opère la troisième naissance de la France en y intégrant la substance germanique et en y instaurant le christianisme.
La quatrième et véritable naissance a lieu en 987 avec le règne de Hugues Capet. Cette naissance est paradoxale, car c'est l'époque où le territoire est divisé en plusieurs fiefs en fait indépendants, du comté de Bretagne au duché de haute Lotharingie, du comté de Flandre au comté de Provence. Le territoire proprement royal ne couvre que l'Ile de France, l'Orléanais et la région de Senlis.

La francisation continue

La France s'est faite, à partir des rois capétiens, en francisant des populations non franciennes: le francien était le dialecte d'oïl de l'Ile de France et de l'Orléanais qui, en s'imposant et se surimposant sur les multiples autres dialectes d'oïl et d'oc, est devenu le français.
C'est dire que la France s'est constituée par un multiséculaire processus de francisation de peuples et d'ethnies extrêmement diverses, beaucoup plus hétérogènes que celles de l'ex-Yougoslavie par exemple, alors que la nation allemande s'est faite en unifiant des territoires germaniques et que l'Italie s'est faite en rassemblant des populations qui pour la plupart se sentaient italiennes.
La francisation ne s'est pas effectuée seulement en douceur, mais elle ne s'est pas effectuée seulement par la force. Il y a eu brassages et intégration dans la formation de la grande nation, sans que se perdent toutefois des identités devenues provinciales. L'identité française n'a pas impliqué la dissolution de l'identité provinciale, elle a effectué sa subordination, et elle comporte en elle l'identité de la province intégrée, c'est à dire la double identité.

Une idée certaine de la France

La Révolution française a apporté à la francisation quelque chose de plus que le fait accompli par l'histoire: elle a remplacé la fondation monarchique par une refondation républicaine: il y a substitution de souveraineté: le peuple s'accomplit souverainement en se proclamant "grande nation". La fête de la Fédération du 14 juillet 1790, est le moment où les représentants de toutes les provinces déclarent solennellement et symboliquement leur volonté d'être français. Dès lors la France incorpore, en sa nature même, un esprit et une volonté. La France, sans cesser de demeurer un être terrestre, devient un être spirituel et cela d'autant plus qu'avec le message de la déclaration des droits de l'homme, l'idée de France est une idée qui comporte désormais, dans sa singularité même, l'idée d'universalité. D'où cet amour que l'idée de France a inspiré à tant de proscrits, humiliés et persécutés dans le monde.
La polémique franco-allemande sur l'Alsace-Lorraine, au cours du 19ème siècle, affermit la conception spirituelle de l'identité française. Alors que l'Allemagne considère comme sienne cette terre germanique de langue et de culture, la France la reconnaît sienne par son esprit et sa volonté d'adhésion. C'est bien l'idée volontariste et spiritualiste de la France que la Troisième République fait sienne, et qu'elle fait triompher sur les idées de race, de sang, de sol que lui oppose le parti anti-républicain.
Car il y a tout au long du 19ème siècle deux polarités antagonistes désormais dans la notion même de France, la polarité nationaliste et la polarité patriotique. D'une part la conception d'une France monarchiste, catholique, xénophobe, d'autre part la conception d'une France républicaine, laïque, ouverte. Il a fallu la défaite de 1871, l'instauration de la République, et surtout la double victoire de la République laïque (séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905, réhabilitation du capitaine Dreyfus 1906) pour rejeter dans une opposition, furieuse mais vaine jusqu'en 1940, le parti réactionnaire dont du reste les trois composantes, monarchiste, catholique, xénophobe vont se dissocier.

La francisation par intégration d'immigrés

Aussi, dans le cadre intégrateur de la Troisième République, le 20ème siècle naissant va voir la francisation se poursuivre, mais de façon toute nouvelle, non plus à partir de territoires annexés ou ralliés, mais à partir d'immigrants venus des pays voisins. La France est alors le seul pays d'Europe démographiquement déclinant, où de plus les terres les moins fertiles sont abandonnées par leurs habitants. Cette situation attire les premières vagues d'italiens et espagnols. La troisième République institue alors les lois de naturalisation qui permettent aux enfants d'étrangers nés en France de devenir automatiquement français et facilitent la naturalisation des parents. L'instauration à la même époque de l'école primaire laïque, gratuite et obligatoire permet d'accompagner l'intégration juridique par une intégration de l'esprit et de l'âme. J'en témoigne: fils d'immigré, c'est à l'école et à travers l'histoire de France que s'est effectué en moi un processus d'identification mentale. Je me suis identifié à la personne France, j'ai souffert de ses souffrances historiques, j'ai joui de ses victoire, j'ai adoré ses héros, j'ai assimilé cette substance qui me permettait d'être en elle, à elle, parce qu'elle intégrait à soi, non seulement ce qui est divers et étranger, mais ce qui est universel. Dans ce sens, le "nos ancêtres les gaulois" que l'on a fait annoncer aux petits africains ne doit pas être vu seulement dans sa stupidité. Ces gaulois mythiques sont des hommes libres qui résistent à l'invasion romaine, mais qui acceptent la culturation dans un Empire devenu universaliste après l'édit de Caracalla. Dans la francisation, les enfants reçoivent de bons ancêtres, qui leur parlent en même temps de liberté et d'intégration, c'est à dire de leur devenir de citoyens français.
Le cas français est d'autant plus intéressant que la nation française, à la différence des autres, s'est faite par la francisation des régions non françaises. C'est à dire que le processus multiséculaire de la francisation est un processus fondamental lié à la France. Dans ce processus, la Révolution française a introduit dans le code génétique de l'identité française, l'idée d'universalité. Celle-ci ajoutée à l'idée de francisation donne une idée salubre de la Nation : c'est un esprit commun, c'est une volonté commune de ceux qui souhaitent être français.... Ce qui signifie que le ressourcement en terme français, quand il est pris dans cette logique historique, n'est pas un processus de rejet et de fermeture.
Il y a eu certes des difficultés et de très grandes souffrances et humiliations subies par les immigrés, vivant à la fois accueil, acceptation, amitié, et refus, rejet, mépris, insultes. Des réactions locales xénophobes, la permanence d'une très virulent antisémitisme n'ont pu toutefois empêcher le processus de francisation, et, en deux et au plus trois générations, les italiens, espagnols, polonais, juifs laïcisés de l'est et de l'orient méditerranéen se sont trouvés intégrés jusque dans et par le brassage du mariage mixte. Ainsi, en dépit de puissants obstacles, la machine à franciser laïque et républicaine a admirablement fonctionné pendant un demi-siècle.
Est elle rouillée aujourd’hui? Rencontre t'elle des problèmes nouveaux qu'elle ne peut résoudre? Ces questions se posent avec de plus en plus d'insistance.

Les difficultés nouvelles

Il y a eu, avons nous vu, une mutation dans la francisation quand celle-ci, au début du siècle, s'est effectuée non plus en provincialisant des territoires, mais en nationalisant des immigrés. Aujourd'hui, de nouvelles conditions semblent devoir appeler une seconde mutation.
Tout d'abord il y a l'exotisme de religion ou de peau chez de nombreux immigrés, venus des Balkans, du Maghreb, d'Afrique noire, d'Asie (Pakistan, Philippines, Chine). Il faut toutefois remarquer que la religion des immigrés cesse d'être un obstacle dès qu'il y a acceptation de la laïcité de la vie publique française, condition sine qua non de l'intégration, et cela a été le fait des juifs et des musulmans des précédentes générations, qui, comme les catholiques, ont pu garder à titre privé leur foi religieuse sans contrevenir aux lois de la cité. Il faut remarquer aussi que les noirs des territoires d'outre-mer sont déjà entrés dans la nationalité française, de même que des vietnamiens et chinois. Mais l'amplification du flux doit nous amener à concevoir qu'un caractère multiethnique et multiracial élargi devient un constituant nouveau de l'identité française, qui, comme déjà celle des pays d'Amérique du nord et du sud, va comporter en elle la possibilité d'intégrer dans son principe tous les constituants ethniques de la diversité planétaire.
En second lieu, nous sommes entrés dans une période de crise d'identité aux multiples visages. La double identité, provinciale et nationale, cesse d'être vécu de façon paisible dès lors que le courant d'homogénéisation civilisationnelle menace la première identité. D'où les réactions provincialistes de défense linguistique, culturelle et économique, voire même les virulences devenant nationalistes pour sauvegarder l'identité menacée. Un tel problème se pose également, bien que de façon différente, chez des immigrés qui veulent à la fois bénéficier de la modernité occidentale sans y dissoudre leur identité. Il ressort que l'identité française doit demeurer une double identité, et respecter désormais de façon attentive, y compris pour les français eux-mêmes, les diversités ethniques/culturelles, ce qui entraîne un dépassement du "jacobinisme".
En troisième lieu, le problème de la francisation se pose aujourd’hui dans le contexte d'une crise de la civilisation urbaine moderne. Le développement de l'agglomération et de la suburbanisation au détriment de la cité, la perte des solidarités et des convivialités, l'atomisation des individus, la chronométrisation de la vie, tout cela, qui frappe l'ensemble de la population française, encourage, chez les récents immigrés, le repli ghettoïque, la sauvegarde des solidarités d'origine, voire des liens tribaux, et, cela favorise, chez les adolescents des suburbains, qui, français d'origine ou non, constituent le maillon le plus faible de notre société, la constitution de bandes souvent ethniquement fermées sur elles-mêmes, ce qui constitue autant de freins supplémentaires à l'intégration. De toutes façons, la crise de la vie urbaine favorise les agressivités et les rejets qui, comme toujours, se fixent sur des bouc émissaires marginaux et allogènes; ainsi se fortifie la boucle causale où les hostilités s'entre-nourrissent les unes les autres.
En quatrième lieu, les tensions extrêmes qui, depuis la guerre d'Algérie jusqu'à la guerre du Golfe et le nouveau terrorisme intégriste, renaissent périodiquement entre le monde arabo-islamique et le monde européo-occidental, ne sont près d'être apaisées tant que la crise du Moyen-Orient, avec notamment le problème israélo-palestinien, pèsent de façon damocléenne sur notre avenir. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu conflit ouvert entre "communautés" en France durant la guerre du Golfe que tout est paisible à l'intérieur des esprits; la tension muette, mais craintive ou haineuse de part et d'autre, constitue une barrière invisible et forte à l'approfondissement de l'intégration des populations d'origine arabo-islamique. Le cas de Khaleb Kelkal illustre l'oscillation, chez bien des jeunes beurs pourtant nés en France, entre intégration, délinquance, terrorisme.
Enfin, les croissances démographiques du tiers monde et notamment en Afrique du nord, les prévisions économiques catastrophiques, non plus seulement pour ce tiers monde, mais aussi pour l'Europe orientale ont ramené les fantasmes des grandes invasions. La crainte de la ruée des immigrants pauvres du Sud et de l'Est dans une société vouée au chômage et menacée de crise crée un climat apte à favoriser les rejets aveugles. De toutes façons, si les économies occidentales demeurent prospères, il faut s'attendre à un accroissement des poussées migratoires anciennes et à l'apparition de poussées migratoires nouvelles. Ce qui pose le problème: le processus de francisation peut il s'amplifier au moment même où tant de conditions psychologiques, sociales et économiques sont défavorables?

Aux couleurs de la France

Tout d'abord, retirons tout critère quantitatif abstrait qui déterminerait le taux d'immigrants qu'une culture peut intégrer. Une culture forte peut assimiler un très grand nombre d'immigrés. Ainsi, depuis le début de ce siècle, une Catalogne de 2 Millions d'habitants a pu catalunyer 6 millions de non catalans. La force de la culture catalane était d'être une culture urbaine, dont la langue était parlée par la bourgeoisie et l'intelligentsia, et non une culture folklorique résiduelle des campagnes. La culture française est très forte. C'est une culture de villes, et qui comporte un système éducatif généralisé et puissant. C'est une culture publique et civique de caractère laïque, et c'est cette laïcité qui seule est capable d'intégrer politiquement et intellectuellement, donc alors d'accepter et accueillir les diversités ethniques. C'est la culture laïque qui constitue à la fois un des caractères les plus originaux de la France et la condition sine qua non de l'intégration de l'étranger.
Mais nous devons cesser de lier indissolublement jacobinisme et laïcité. Il faut au contraire lier l'abandon du jacobinisme à la régénération du laïcisme. Dès lors notre culture peut ouvrir davantage son universalité potentielle et accepter l'idée d'une France multiethnique et multiraciale, qui en s'ouvrant aux diverses couleurs de peau, demeurera aux couleurs de la France.
Fondés par une minorité anglo-saxonne puritaine, les Etats Unis, qui voient déferler sur eux les plus grands flux migratoires planétaires et qui voient en leur sein la promotion progressive du peuple noir, n'ont nullement perdu leur métabolisme national, qui est fondé sur les principes de leur Constitution, sur le rêve américain de réussite, et sur l'unification des moeurs, goûts, gestes, façons de parler qu'ont répandu le cinéma et la télévision. L'Amérique dispose d'une culture forte, qui lui est spécifique, et qui lui permet, en dépit d'énormes désordres, violences et iniquités, de métaboliser des immigrants de toutes origines et fabriquer des américains. La France est différente, mais son statut se trouve entre celui des autres pays européens, qui longtemps pays d'émigrants, ne savent pas intégrer leurs immigrés, et celui des Etats Unis, pays d'immigration par nature. La France s'est faite et s'est développée dans et par la francisation permanente, commencée par Hugues Capet et poursuivie par une histoire millénaire.
Le problème n'est donc pas, dans son principe, celui de la quantité d'immigrants. Le problème est celui du maintien de la force de la culture et de la civilisation française. Il est inséparable du problème à la fois fondamental et multidimensionnel que pose le devenir de la société française.
Nous avons dit que la culture urbaine et l'éducation sont des facteurs fondamentaux de la francisation des immigrés. Mais la ville est en crise, l'éducation se sclérose. Le délabrement de civilisation est à la fois le problème de fond de notre civilisation et le problème de fond de la francisation.
Une culture forte peut intégrer, mais dans des conditions de développement, non de crise économique et morale. Tout est lié aujourd’hui: politique, économie, civilisation. On commence à voir le lien entre ville/banlieues/logement/atomisation/jeunes/drogues/ immigrés/ chômeurs, bien que chacun de ces problèmes comporte sa spécificité.
Avicenne, à la suite d'Hippocrate, disait qu'il faut traiter les causes d'une maladie et non ses symptômes. Mais il disait aussi que quand le malade est au plus mal, il faut traiter d'urgence les symptômes. Aussi, il est aujourd’hui nécessaire de réduire les symptômes (logements, crédits, loisirs, sports, etc.), mais il ne faut pas pour autant oublier les problèmes de fond, qui nécessitent l'élaboration d'une politique de fond: une politique de civilisation.
Une politique de civilisation viserait à régénérer les cités (c'est à dire à désagglomérer), à régénérer l'éducation; elle viserait à réanimer les solidarités et à susciter ou ressusciter des convivialités. Ces quelques orientations ne formulent pas des solutions, elles indiquent la nécessité de penser ces problèmes de fond, qui demeurent d'autant plus en creux qu'ils sont recouverts de paroles creuses; elles indiquent une direction.
Il ne faut pas exclure l'hypothèse que nous soyons submergés par des crises en chaîne, et qu’alors des régressions économiques, sociales, politiques entraîneraient l'arrêt de la francisation. Une progression économique, sociale ou politique comporterait au contraire d'elle-même la poursuite de la francisation.
Enfin, il est nécessaire de situer le problème de l'immigration dans son contexte européen. Tous les pays d'Europe sont aujourd’hui en crise démographique, tous les pays occidentaux et nordiques comptent des populations immigrées. Le modèle français de naturalisation et d'intégration scolaire pourrait donc devenir un modèle européen, qui permettrait à l'Europe de rajeunir démographiquement et d'assumer sa nouvelle et future condition de province planétaire. De plus il est possible d'envisager une citoyenneté européenne, qui permettrait aux immigrants de provincialiser leur pays d'origine extra-européen, tout en accédant à une multi-identité nouvelle. Et, même au sein de cette conception européenne, l'originalité française demeurera, puisque, répétons le, l'histoire de France se confond avec l'histoire de la francisation.
Ici encore, la prospection d'un avenir nécessite le retour aux sources. D'où notre conviction: continuer la France millénaire, la France révolutionnaire, la France républicaine, la France universaliste, c'est aussi continuer la francisation. C'est continuer l'originalité française dans l'intégration européenne. Mais une telle continuation comporterait métamorphose. Elle nécessiterait une profonde régénération de civilisation. La route sera longue, difficile, aléatoire, et il y aura encore du sang et des larmes.



Edgar Morin 1999